Newsletter IRA II - Cancers de l’œsophage

EDITORIAL

Marc Hamoir et Jean-Pascal Machiels

Cette Newsletter que nous avons le plaisir de vous proposer fait le point sur le cancer de l’œsophage.

Nous souhaitons insister sur l’importance d’un diagnostic précoce. Le rôle du médecin traitant est dès lors essentiel. Il devra être alerté par certains signes qui sont évoqués dans l’article qui est consacré au diagnostic.

Si le cancer de l’œsophage reste un cancer relativement peu fréquent, chaque année il touche en Europe 45 000 personnes parmi lesquels 35 000 hommes et 10 000 femmes.

On observe des différences considérables entre les pays européens.  Le cancer de l'œsophage est plus fréquent aux Pays Bas, au Royaume-Uni, et même en Belgique tandis qu’il est nettement moins fréquent en Grèce et en Italie.  En Belgique, 1500 patients ont été diagnostiqués en 2017 (Cancer Burden in Belgium 2004-2017, Belgian Cancer Registry, Brussels 2020).

Les carcinomes épidermoïdes sont plus répandus en Asie, tandis que les adénocarcinomes sont plus fréquents et en augmentation rapide dans les pays occidentaux.  La plupart des cancers de l’œsophage surviennent chez des personnes âgées de plus de 65 ans.  Les écarts dans la répartition géographique des deux types principaux (carcinomes épidermoïdes et adénocarcinomes) sont dus à des différences dans l’exposition aux facteurs favorisant leur développement. Les carcinomes épidermoïdes sont principalement en lien avec la consommation d'alcool et de tabac alors que les adénocarcinomes sont principalement liés au reflux gastro-œsophagien, dont l’une des principales causes est l'obésité, ce qui explique l’incidence croissante des adénocarcinomes dans les pays occidentaux.

En Belgique, la survie à 5 ans des patients atteints d’un cancer de l’œsophage est de 25% ce qui confirme que ce cancer reste l’un des cancers les plus agressifs.  Les stades les plus précoces offrent pourtant le plus de chance de guérison avec une morbidité réduite, particulièrement grâce aux résections endoscopiques des cancers superficiels mais qui exigent une grande expertise pour obtenir des bons résultats.  Ceci illustre la nécessité d’un diagnostic précoce.  Si le cancer est plus infiltrant mais reste localisé, la chirurgie est le traitement de référence.  Il s’agit d’une chirurgie complexe réalisée chez des patients souvent fragilisés et qui nécessite une grande maîtrise sur le plan technique ainsi qu’une prise en charge du patient avant et après l’opération par une équipe pluridisciplinaire, ce qui limitera considérablement les complications.

Malheureusement, en Belgique, près de 60% de ces cancers sont encore diagnostiqués à des stades avancés (stades III et IV) et nécessitent en cas d’option curative une intervention chirurgicale qui, si  elle est réalisable, sera associée à une radio-chimiothérapie préopératoire. En cas de contre-indication chirurgicale, la radio-chimiothérapie peut être proposée seule.

A chaque stade de la prise en charge, la concertation au sein d’une équipe multidisciplinaire est indispensable. Elle implique la rencontre de différents spécialistes : médecins spécialisés dans le diagnostic, dans les traitements mais aussi en oncologie gériatrique, paramédicaux tels coordinateurs de soins oncologiques psychologues, diététicien(ne)s, infirmier(e)s au cours d’une consultation oncologique multidisciplinaire.  Lors de cette réunion, tous les paramètres du patient sont identifiés de manière à proposer un traitement personnalisé.

Afin d’optimiser la prise en charge et la survie des patients, le traitement des cancers de l’œsophage nécessite une maîtrise acquise par l’expérience et un volume d’activité important.  En Belgique, ces traitements se font maintenant dans des centres spécialisés, comme l’Institut Roi Albert II des Cliniques universitaires Saint Luc au sein duquel travaillent des spécialistes bien formés et entraînés à la prise en charge de ces patients.

Figure 1: Incidence des cancers de l’oesophage en Europe
Source: Cancer Burden in Belgium 2004-2017, Belgian Cancer Registry, Brussels 2020

Figure 2: Survie relative des patients (hommes et femmes) atteints de cancers de l’œsophage
Source: Cancer Burden in Belgium 2004-2017, Belgian Cancer Registry, Brussels 2020

LE CANCER DE L’ŒSOPHAGE : DIAGNOSTIC ET BILAN D'EXTENSION

Le cancer de l'oesophage peut être détecté à un stade débutant lors d’une endoscopie pour un problème de reflux ou dans un contexte de dépistage, mais le plus souvent, il est diagnostiqué en raison de symptômes de dysphagie progressive et persistante, et d’une perte de poids. Ces symptômes amènent le patient à consulter son médecin généraliste.  Lire l'article

LE TRAITEMENT DU CANCER DE L’ŒSOPHAGE : UNE QUESTION D’EXPERTISE ET DE COLLABORATION !

Le traitement optimal du cancer de l’œsophage requiert une coordination étroite entre de nombreuses disciplines médicales et paramédicales. Lire l'article